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Traduit par Sylvain Mastrogiovanni, organizateur du Alicante Tango Meeting. Version originale en anglais

 

Hier soir, je suis sorti danser le tango, et quelque chose s’est passé, quelque chose de beau.

Tout d’abord, vous devez savoir que je ne danse plus autant qu’avant.

Non pas parce que ça ne me plaît plus, bien au contraire.

Mais je veux pouvoir profiter de mon fils et passer du temps avec lui lorsque je ne travaille pas. Or, il est encore trop jeune pour se joindre à moi pour une sortie tango.

Mais hier, j’ai ressenti ce besoin d’aller danser.

J’avais travaillé toute la journée avec du tango en fond sonore et mon corps et mon esprit me criaient que le moment était venu.

J’ai embrassé mon fils et ma femme et je me suis rendu au week-end TanGoLisboa.

Comme d’habitude, je n’ai pas commencé à danser tout de suite.

Je me suis donné le temps de m’imprégner de la musique et de l’environnement.

Quand j’ai dansé ma première tanda, je n’étais pas d’humeur pour le genre de conversation habituelle, « D’où venez-vous, combien de jours restez-vous ici ? ».

J’ai simplement demandé :

« Qu’est-ce que vous  aimez le plus dans le tango ? »

Silence.

Elle a mis du temps à répondre.

Qui pose ce genre de questions, n’est-ce pas ?

« La connexion », me répond-elle.

On a dansé une autre chanson.

« Vous ne m’avez pas demandé : “Connexion avec qui ?” », me dit-elle à la fin.

Je le lui ai demandé.

 « Avec moi-même ».

« Pourquoi ? ».

« C’est ma méditation active ».

 « Pourquoi en avez-vous besoin ? ».

 « Ça m’aide à grandir ».

Là, j’étais intrigué. 

Et si je continuais à poser cette question toute la nuit ?

Qu’est-ce que je découvrirais ?

La femme suivante avec qui j’ai dansé m’a simplement dit :

 « J’aime rencontrer de parfaits inconnus, venant des quatre coins du globe, et je sais que j’ai une langue pour communiquer avec eux. »

Magnifique, ai-je pensé.

J’ai eu beaucoup de réponses ce soir-là.

 « Parce que le tango secoue mon âme », m’a dit un autre.

Et puis, c’est arrivé :

 « Pour rester en vie », m’a-t-elle dit. 

Je n’en dirai pas plus sur cette conversation, c’est trop personnel.

Mais ça m’a permis de vivre l’une des tandas les plus profondes et les plus émouvantes de toute ma vie.

Pourquoi ?

Parce que j’ai vu l’âme de cette personne, et le pouvoir de guérison du tango.

Pour s’améliorer dans le tango, me suis-je dit, il faut utiliser sa danse pour guérir, pour donner de la joie.

Quand ça devient une véritable intention, toutes les réponses deviennent plus faciles.

A un autre moment, je regardais cette tanguera âgée, qui était restée assise presque toute la nuit. 

Puis, un homme l’a regardée et elle a souri, prête à danser.

Il s’est approché, mais il a continué son mouvement pour aller danser avec une autre femme qui se trouvait à quelques pas derrière elle.

La vieille dame, qui s’était déjà mise en mouvement, a fait mine de prendre un verre d’eau pour dissimuler sa gêne et son malentendu. 

J’ai vu son visage devenir triste.

Ce n’est pas son âge qui m’a fait agir, et encore moins un sentiment de pitié.

Elle avait le calme que seules les personnes qui ont vécu une vie bien remplie peuvent avoir.

A cet instant, j’ai réalisé ce qu’était le pouvoir d’une simple étreinte.

Je suis passé près d’elle, je l’ai regardée.

Elle m’a regardé, puis a baissé les yeux.

J’ai maintenu mon regard.

Elle a encore regardé. 

Puis a encore baissé les yeux.

Une troisième fois, elle m’a encore fixé, pleine d’incrédulité.

J’ai finalement eu le temps de lui sourire et d’indiquer la piste de danse d’un mouvement de tête.

Un grand sourire a illuminé son visage.

Vous pourriez me demander comment s’est passée la tanda, si on a bien dansé.

Je vous répondrais que c’était un vrai bonheur et que vous me posez la mauvaise question.

Nous avons partagé un moment, en tant qu’humains, peu importe notre différence d’âge, notre ethnie, nos croyances… et c’est ça qui compte.

A la fin de cette tanda, je me suis senti plus heureux, et j’espère qu’elle aussi.

Et si nous dansions tous pour répandre la joie et guérir ?

A quoi ressemblerait une milonga dans ce cas ?

C’est le type de milonga que je ne manquerais pas pour rien au monde.

Cette nuit-là, j’ai vu des gens qui traversaient des divorces difficiles en souriant.

J’ai vu une femme qui est sur le point de perdre une personne qu’elle aime et qui n’a même pas encore eu la chance de la voir ou de toucher sa main. Cette femme dansait et se laisser aller. 

J’ai vu des gens…. se connecter avec des gens. 

Trouver des moments de guérison.

Et je me suis dit encore une fois :

« Et si nous dansions tous pour guérir et être guéris ? »

« Et si ? » 

Le livre complet est disponible en français ici.

5-Minute Weekly Reads To Improve and Enjoy your Tango

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